— Bonjour ! On peut se tutoyer. C’est la DSIO qui t’envoie, c’est bien ça ?
— Oui. On m’a dit de me présenter à 9h.
— Parfait. Je pense que tu vas commencer par faire le tour de toutes les applications du service. La personne qui en avait la charge travaille désormais dans une de nos filiales américaines, mais elle a laissé quelques notes.
— Entendu.
— Bon, il faut que je te prévienne, c’est un peu le SICOB ici…

(Wikipedia : À la fin des années 1980, et jusqu’à l’uniformisation qui s’opéra peu à peu avec le décollage de l’IBM PC, le SICOB se caractérisait par un grand foisonnement, très hétérogène, d’ordinateurs et de périphériques. L’expression « c’est le Sicob » reste encore couramment utilisée aujourd’hui pour désigner des ensembles informatiques, logiciels ou matériels, caractérisés par leur manque d’homogénéité.)

L’action se déroule en 1990. Je visite mon premier parc d’applications legacy :

  • pas de tests automatisés : (écrire un second programme qui exercerait le code du premier ? Une idée qui semblerait un rien audacieuse pour des développeurs chevronnés de l’époque, pour l’entreprise où je suis en mission, une chimère)
  • une équipe de développement défunte
  • une remarquable absence de standards dans ce qui “fait tourner le service”, soit une douzaine d’applications “micro” tournant sur PC.
  • Framework (la “suite bureautique” à tout faire pour qui est bricoleur) et son langage de programmation, FRED
  • Lotus 1-2-3 et ses macros (indispensable dans une Trésorerie)
  • Turbo Pascal + BTrieve
  • C + Informix
  • APL + fichiers dBase III

À l’opposé de cette flore, il y a la “Direction des Systèmes d’Information et de l’Organisation”, d’où je viens, où l’on parle principalement PL/I COBOL, et DB2.

La raison d’être de ce “SICOB” ? En 5 ans cette direction s’est équipée de PCs, et certains de ses cadres de livres de programmation. À la DSIO le délai de réalisation d’une application se compte en semestres, ici il se compte en semaines.

Les répercussions de cette vélocité et de cette versatilité en termes d’efficacité sont profondes. Mais quid de la maintenance ?

Pour maintenir ces applications, il m’a fallu apprendre vite (pour maîtriser les logiciels spécifiques un poche “Marabout” suffisait), mais aussi apprendre “loin”, c’est à dire ne pas se perdre en s’isolant dans ces systèmes fermés. Pour cela, investir dans une matière plus durable et plus fondamentale (merci les éditions Masson, Microsoft Press, Intereditions…). Cette “culture” j’ai pu chaque fois la retrouver dans le code des applications. Elle vit à travers ce code.

🎛🤖👾💻🥱

— OK, M. Génération X, chouette album photo. Mais on en retient quoi ?
— Rien, sinon mes 3 conseils de survie :

  • Survolez le foisonnement de technologies, en mode radar 📡

  • N’approfondissez que ce qui peut vous coûter cher ou vous pincer très fort ☢️

  • Pratiquez vos fondamentaux 📚

(sur ce je déclare la partie de paintball/commentaires ouverte)

publié sur Linked In le 16/05/2023