Une personne utilise une cafetière moka pour la première fois, rate son café, comprend son erreur, et recommence, avec succès. Ensuite, elle ne rate plus un seul café réalisé à l’aide de cette technique. ☕️

Une organisation lance un projet, rate le projet, comprend son erreur, et recommence, sans succès. Ensuite elle continue de rater et de recommencer projet après projet. 🚧🕳

☕️ D’un côté un problème particulièrement simple impliquant l’usage d’un état de l’art stabilisé depuis 90 ans dans un contexte routinier.

🚧🕳 De l’autre une situation complexe et récurrente impliquant un état de l’art nébuleux, pour partie en évolution, pour partie controversé, des objectifs ouverts à la discussion, un contexte incertain.

Le point commun à ces deux activités ? (Si, si il y en a un 😅) : elles possèdent un état de l’art. Le barista génial et l’organisation apprenante peuvent, si vous leur accordez 1 heure d’un côté et quelques jours de l’autre, présenter au moins de manière synthétique les procédés heuristiques, les principes, les technologies et les pratiques qu’ils utilisent.

Parmi les nombreuses différences (de nature, de finalité, de dimension) entre ces deux situations, certaines méritent peut être une mise en exergue. Après tout je ne serai ni le premier ni le dernier dans ce métier à fouler aux pieds le proverbe “Comparaison n’est pas raison”. En méthodologie de projet comme en toutes choses, il faut un peu flâner, non ?🚶🏻‍♂️

La première chose que l’équipe de développement pourrait envier au barista, c’est l’unité de lieu, de temps et d’action, c’est à dire en somme l’autonomie. Si on lui demandait ce qui fait l’excellence d’un café, il pourrait commencer sa réponse (et sa carrière de consultant caféologue) par “ça dépend…”, mais on finirait par obtenir une liste de critères univoques. Même alors que le goût est affaire de subjectivité.

Dans l’entreprise, où règnent pourtant la mesure objective et les résultats chiffrés, si on demande à un groupe ce qui fait (ou ferait) l’excellence de leur projet, les réponses ont de grandes chance de varier selon qu’on considère

  • la phase du projet
  • le rôle des acteurs interrogés
  • leur parcours individuel
  • le niveau d’information à leur portée
  • le degré de consensus établi lors du cadrage initial
  • la continuité de ce consensus au fur et à mesure que le projet traverse les épreuves

À ce titre, il est surprenant qu’un projet qui a finalisé son cadrage le 15 Janvier dans un état de cohérence sans accroc se retrouve le 15 Juin en rétro à énumérer tout ce qui a dérivé, divergé, s’est dégradé.

Le retard est le symptôme universel des problèmes de qualité : c’est un marqueur simple et facile d’accès. Si en plus de le tracer, on pouvait tirer la photo de l’état de l’art du projet jour après jour, on comprendrait sans doute mieux ce phénomène de perte de cohérence.

Si ça se trouve, certains projets nous réserveraient des surprises édifiantes !

😱

publié sur LinkedIn le 20/03/2023