Examiner des conflits 🪑 🕳 🔦
product owning #7
[cohesion]
Merci Anaël Ichane de te joindre à notre conversation !
La discussion (vécue) que je mets en exergue comme un exemple de conflits d’objectifs possède juste ce qu’il faut de drame pour attirer notre attention. Les projets heureux n’ont pas “d’histoires”.
Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de conflits. Mais que leurs acteurs ont un sens aigu de la cohérence dans la conception ainsi que des frictions dans l’exécution. Un ami à moi, chef de projet, agiliste, devenu expert dans l’art du Lean, disait :
— Dans mon équipe on a 20 conflits par jour.
— C’est l’enfer ! Comment faites vous pour avancer ?
— Je veux dire : on résout 20 conflits par jour. En moyenne un conflit prend 10 minutes à résoudre.
— N’empêche sans ces conflits…
— Oh, on serait nulle part à l’heure actuelle. Notre produit ne serait même pas sur le marché.
Si le mot “conflit” vous évoque uniquement les scuds sur slack ou bien les relations de travail qui moisissent, il nous faut peut être ouvrir la fenêtre et rafraîchir un peu cette notion.
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Dans une algarade entre deux députés éméchés, l’un veut éliminer la présence de l’autre et réciproquement. (Conflit de personnes ou de territoires)
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Dans un jeu de chaises musicales, deux joueurs ne peuvent pas s’assoir ensemble sur la dernière chaise restée libre. (Conflit de ressources)
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Dans tel développement, on veut choisir entre les stratégies : “trunk based” ou “feature branch”. (Conflit d’idées).
Le point commun entre ces 3 exemples ? C’est la mise en regard de deux parties qui vise une résolution exclusive de l’une sur l’autre.
Le conflit d’idées n’est pas la seule manière d’avancer dans une conception (l’équilibre entre plusieurs forces en est une autre, par exemple) mais il est indispensable à une solution cohérente. Un projet ne peut pas accueillir des procédés mutuellement exclusifs, sous peine de finir au musée des curiosités plutôt qu’en production.
La discussion que tu cites, Anaël, n’est pas mal non plus dans le genre drama :
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— Ok très bien. Elle est où? Elle concerne quoi? Comment peut-on l’approcher ? Et quel objectif peut-on se fixer ?
— Ah mais la dette ça se matérialise pas comme ça. On est trop endetté, il faut tout réécrire
— Ok donc pdt 2 ans on arrête tout et on réécrit tout?
— Oui voilà .
— Bon bah on passe les stories en attendant que vous trouviez une approche moins radicale et plus valorisable pour le produit.
— Ah le produit ne veux pas qu’on travaille sur la dette\
Chacun semble vouloir saboter sa propre solution :
La Technique veut changer de problème en déclarant celui qu’elle a sous la main totalement insoluble (et ce n’est pas faute de perches tendues par son interlocuteur).
Le Métier veut mobiliser l’effort sur les stories dans l’attente qu’une approche de désendettement (mais trouvée au moyen de quels efforts ?) apparaisse.
Et si comme le suggère Laurent Bossavit, on apprenait à négocier ?