Bienvenue dans cette conversation Sami Hadhri! Tu évoques un chemin peu fréquenté pour se sortir des ronces de la dette technique :

ça me rappelle une décision contre intuitive et critiquée de notre CTO quand j’étais chez Reuters. Il a décidé d’arrêter les features et de passer quelques mois sur l’absorption de la dette et la réarchitecture du produit.

Décision courageuse : elle implique de répondre aux besoins de la Technique et du Management avant ceux du Métier. Or la Technique et le Management sont au service du Métier. C’est un objectif métier qui est la raison d’être de ce projet et de sa complexité, y compris la complexité accidentelle que nous avons devant nous et qui nous empêche d’avancer.

C’est comme un vaisseau qui serait immobilisé au milieu de nulle part. Tout mouvement pour le faire avancer dans la direction souhaitée par le Métier est assujetti à une friction devenue inpondérable, et à dire vrai, ingérable.

Les acteurs Techniques se désolidarisent du projet. Leur savoir faire peut être utile dans un autre vaisseau. On cherche à les remplacer par d’autres techniciens, à qui on demandera de s’adapter à l’état du projet plutôt que de chercher à l’améliorer.

On commence à parler de refonte. À trois ans du projet initial ?! Le projet perd tout sens. Ce n’est pas normal, mais c’est compréhensible si l’on admet que son état de l’art fait partie des instruments qui lui donnaient du sens.

La quantité ou la densité de la dette technique d’un projet dépend de l’avenir que ses acteurs projettent en lui. Si on destine l’application au décomissionnement, DT = 0. Mais si on la prépare à une seconde vie, alors DT = €€€€€

La nature de la dette technique du projet dépend de son histoire. C’est en quoi l’idée de quantifier la dette technique, d’en faire une addition (salée) qu’il faut maintenant payer, comme un coût caché qui serait maintenant révélé, n’est pas si utile que ça.

Imaginons la discussion sur le vaisseau. Les 3 acteurs sont sur le pont avant. Selon le vaisseau, le mode de voyage et la destination, la nature de la dette technique peut être fort différente :

🕳 Pour aller plus vite, nous avons cassé nos instruments, et maintenant nous sommes perdus.

💰 Nous n’avions pas les bons instruments pour ce voyage, et maintenant nous devons les acquérir.

🪛 Nous voyageons depuis longtemps : nos instruments ont besoin d’entretien.

Le point commun à toutes ces situations, c’est qu’il faut sortir des ronces, c’est à dire réaligner l’état de l’art du projet avec son objectif initial. Il est possible de revoir cet objectif, ou de changer les contraintes. Tout est possible à vrai dire, mais le mouvement du vaisseau ne peut reprendre qu’à condition de commencer par la question de l’état de l’art :

🗺 Quel problème voulons nous résoudre ensemble ? 🗺

#etatdelart #dettetechnique