Le temps a passé. La conception de notre application a perdu en élégance et en cohérence. Certaines parties du système sont sanctuarisées : on n’ose plus y toucher. On cherche des développeurs·ses expérimenté·es, si possible des expert·es de cette technologie qui était tellement hype il y a cinq ans. Mais sur le marché de l’emploi et du service, tout le monde est passé à autre chose. La solution est devenue un problème.

Le “cœur métier” de l’application, qui est une des clés de son succès, fait l’objet de toutes les discussions dans l’équipe et au delà. Les avis sont partagés :

— il faut le rétro-analyser et y poser des tests automatisés
— les tests ça aurait dû être fait dès le départ, maintenant c’est trop tard, autant refondre
— il faut refondre l’application mais garder ce module
— il n’y a pas assez de sous; il faut refondre ce module, et garder tout le reste
— il faudrait surtout un deuxième Arnaud ! Depuis qu’il est parti plus rien ne marche
— il faut confier tout ça à une société extérieure, ce n’est pas notre métier
— …

Nos trois acteurs apprécient la situation chacun à leur manière.

Le Métier : “Tout ça est devenu trop cher. La moindre évolution prend des semaines à livrer, alors que le nombre de clients augmente et que le produit doit s’enrichir en nouvelles fonctionnalités.”

La Technique : “Ce projet c’est déjà de l’histoire ancienne. La techno n’a pas évolué depuis 5 ans, et on ne nous donne pas de moyens. Et les meilleurs partent toujours les premiers si tu vois ce que je veux dire…”

Le Management : “C’est la quadrature du cercle. J’ai accepté de reprendre le truc il y a seulement deux ans, mais franchement on est sur une longue suite de promesses impossibles à tenir, depuis le début.”

Le Métier faisant pression, l’entreprise a commandé un audit. La conclusion des consultants rejoint, en le détaillant et en l’étayant, le point de vue de l’équipe de développement : l’application est sujette à la dette technique. En Consultanais, ça donne :

“Le système présente un passif technologique et méthodologique accumulé qui a pour conséquence une stagnation du backlog, un taux de défaut en augmentation au lieu d’être constant, ainsi qu’une démobilisation des ressources.”

Traduction : nous sommes dans les ronces.

Ça pique.

C’est compliqué.

Ça nous barre le chemin.

Silence dans la salle du Conseil. C’est le moment où un deus ex machina va nous présenter un outil miraculeux, ou bien poser une grosse somme d’argent sur la table ?

Ou bien (cf Anthony Cyrille) c’est le moment où un dév qui vient de faire une suggestion frappée au coin du bon sens (technique) se fait défenestrer ?

Ou bien (cf l’excellent article de Jérémy 🧑🏽Buget à propos d’un désendettement-déminage de haut vol) quelqu’un va dire :

”- Courage, méthodologie, rigueur et patience.”

Vous me direz que c’est bien vague, c’est pas très technique, pourtant c’est exactement ce qu’il nous faut. C’est le plan. C’est le programme.

Stay Tuned !