Mon prof de Français avait conclu notre dernier cours de 1ère avec un conseil d’apparence anodine : méfiez vous de la spécialisation. Je m’étais promis d’essayer de m’en souvenir à l’époque, mais en toute honnêteté je n’avais pas idée de ce qui m’attendais dans le monde du travail.

La dette technique, ça m’intéresse depuis longtemps parce que c’est la difficulté principale que rencontrent des équipes qui veulent résoudre des problèmes ensemble en s’aidant de la technologie. Une difficulté persistante, inhérente, et d’autant plus coriace qu’elle se présente d’abord sous les traits du pragmatisme, comme une alliée de l’agilité. Il y a la bonne dette et la mauvaise dette.

En 2014 mes collègues et moi avons commencé à distinguer DT “tactique” et DT “endémique”. Ce n’était pas satisfaisant. S’il faut 4 mots et une distinction pour identifier un problème aussi général, c’est que notre langage est peut être trop technique, justement. La conséquence d’un langage trop technique, c’est qu’il “en impose”, tout en masquant des barrières de communication.

Comme les Anglais et les Américains qui se considèrent comme deux peuples que sépare une langue commune, le Métier, le Management et la Technique partagent des termes sur lesquels ils projettent des significations différentes.

Pour le Métier, il s’agit d’un problème relativement opaque lié au coût du changement.

Pour le Management, c’est un problème de report de décisions : l’éternel combat entre le court terme et le long terme.

Pour la Technique, c’est du code qui sent mauvais et un design dépassé.

Au final, j’avais décidé de bannir le terme de mon usage personnel. La dette technique, ce n’est pas de la dette, et ce n’est pas technique.

Ça peut se comparer à de la dette, parce que cela s’accumule, et finit par grever nos budgets.

Ça parle de technique, parce que cela concerne la résolution de problèmes au moyen de technologies.

Le contraire de la DT, c’est quoi ? Je cherche une définition non seulement positive mais fédératrice, qui aide à améliorer l’art de résoudre des problèmes ensemble à l’aide de la technologie.

Il est à mon sens impossible de s’intéresser à cet art sans porter son attention sur les notions d’Etat de l’Art (State Of The Art ou SOTA) et d’heuristiques analysées par Bill Koen.

La dette technique est une conséquence du réalignement permanent de notre état de l’art :

  • nous initialisons un projet, et définissons son état de l’art en regard de nos objectifs et contraintes
  • au cours du temps nous adaptons l’état de l’art, changeons les objectifs, déplaçons les contraintes
  • lorsque (et tant que) cette adaptation fonctionne, nous produisons de l’excellence
  • lorsque notre état de l’art se désaligne, nous produisons de la DT.

Stay Tuned !

posté sur Linked In le 8/02/2023