Sur les conseils de Stéphane Dalbera, je lis en ce moment Managing Technical Debt (cf ref en commentaire). Le livre foisonne d’exemples et de modèles, et propose de nombreuses heuristiques ainsi qu’un plan de recouvrement de la DT. Le chapitre 1 offre cette définition :

Dans des système à forte composante logicielle, la dette technique se caractérise par des conceptions ou des constructions qui sont des expédients à court terme, mais qui créent un contexte technique qui peut rendre des changements futurs plus coûteux ou impossibles. La dette technique est un passif contingent dont l’impact se limite aux qualité internes du système, notamment et en premier lieu mais pas seulement : la maintenabilité et l’évolutivité.

Ainsi qu’une analogie :

On peut penser la dette technique comme une analogie avec la friction dans les appareils mécaniques; plus un appareil subit la friction dûe à l’usure, le manque de lubrification, ou une conception défectueuse, plus l’appareil est difficile à utiliser, et plus il faut appliquer d’énergie pour obtenir l’effet original. En même temps, la friction est une condition nécessaire lorsque des parties mécaniques fonctionnent ensemble. Vous ne pouvez pas l’éliminer complètement; vous pouvez seulement la réduire.

Analogie qui m’a ramené à The Art of Action que Laurent m’avait conseillé, lequel reprend la notion de friction définie par Clausewitz et l’applique au management :

Aucun ingénieur ne rêverait de concevoir un moteur sans prendre en compte les effets de la friction mécanique. Si Clausewitz a raison, personne ne devrait développer une stratégie sans prendre en compte les effets de la friction organisationnelle. Et pourtant nous continuons à être surpris et frustrés lorsque celle-ci se manifeste. Nous avons à tendance à penser que tout a mal tourné alors qu’en fait tout s’est passé normalement. L’existence de la friction est la raison pour laquelle les armées ont besoin d’officiers et les entreprises de managers. Anticiper et traiter avec la friction constitue l’essence du travail managérial. Le reconnaître est en soi libérateur.

Il y a quelques temps, la lecture de Discussion of the Method de Billy Koen a fortement contribué à changer ma conception de la dette technique. Koen définit l’ingénierie comme l’application de procédés heuristiques (heuristics) en vue de produire un changement.

Heuristique ?

Un prodédé heuristique (heuristic) est tout ce qui fournit une aide plausible dans la direction de la solution d’un problème, mais qui en dernière analyse n’est pas justifié, n’est pas justifiable, et demeure potentiellement faillible.

Un ingénieur, une équipe ou une organisation mettent en œuvre des solutions qui sont définies par leur état de l’art, c’est à dire l’ensemble des heuristiques spécifiques utilisées à un moment donnée afin de produire le meilleur changement dans une situation mal comprise, à l’aide de ressource limitées.

So what ? Qu’est-ce que ça change ? Quel est le rapport ? Stay Tuned !

publié sur Linked In le 07/02/2023