Merci Amael BERTEAU d’avoir cité Sandro Mancuso :

🎙 Les développeurs qui ne comptent que sur leurs entreprises pour leur fournir des connaissances ne sont pas des développeurs de logiciels professionnels. Ce ne sont que des ouvriers d’usine déguisés.

Merci Stéphane M. d’avoir cité un manager anonyme :

🎤 “Mes développeurs sont là pour produire du code”. C’est ce que j’ai entendu d’un manager il y a peu. Un peu comme l’éleveur qui dit “Mes vaches sont là pour produire du lait”.

Ces assertions m’intéressent car elles montrent à quel point le modèle mental “développer = produire” est coriace.

Mon propos n’est pas de considérer ici le déclassement des développeurs vers le statut d’ouvrier ( 🤫 🚨 développeur ≠ ouvrier)

mais plutôt l’intention derrière ce cliché, qui est d’envoyer un appel à l’action “Craftsmanship” :

📯 Prenez votre éducation et votre carrière en main

📣 Développez votre savoir-faire vous-même

📡 N’attendez pas que votre entreprise vous aide pour commencer à le faire

Cet appel à l’action, je le trouve…

1) biaisé, spécifiquement, du biais du survivant. A ce type de message il serait bon de toujours ajouter par souci de justesse, un codicille: “En tout cas, c’est ce que moi j’ai fait, et ça a marché pour moi.”

2) moralisateur, notamment parce qu’il fait du développement personnel une source de la valeur professionnelle. Celles et ceux qui travaillent tard sur les incendies du boulot, qui aiment se reposer complètement après le travail, ou qui ont simplement une vie chargée d’enfants, de tâches et de soucis tout aussi réels que le problème de la qualité du code n’auront pas la chance de figurer au tableau d’honneur.

3) futile, puisqu’on ne peut acquérir des connaissances que volontairement, que l’entreprise a le devoir de former ses employés, et que la plupart des managers sont parfaitement conscients de la nécessité de fournir des connaissances aux développeurs.

Nous pouvons certes juger que les connaissances fournies sont insuffisantes, obsolètes, inadéquates. En tout état de cause, ça ne signifie pas qu’il nous faut devenir des crafters autodidactes éclairés, codant tard le soir (détrompez-vous, j’adore ça aussi). Il nous faut peut être seulement des managers plus clairvoyants.

Peut être P. Drucker va t’il m’aider à mieux comprendre ce que S. Mancuso voulait dire (si maladroitement) :

📖 the most valuable asset of a 21st-century institution, whether business or non-business, will be its knowledge workers and their productivity.

📖 The knowledge worker cannot be supervised closely or in detail. He can only be helped. But he must direct himself, and he must direct himself towards performance and contribution, that is toward effectiveness.

Pour en revenir à mon point initial :

Même les plus isolés des développeurs les moins éclairés par la lumière du craft (c’est ironique) ne peuvent pas se contenter de “produire du code”, car développer ce n’est pas produire, c’est traduire.

Stay Tuned !

publié sur Linked In le 07/04/2023